Billets qui ont 'Trump, Donald' comme nom propre.

Mauricette

Cela faisait plusieurs fois que je croisais ce prénom sur la toile et j'avais cru à une appellation générique désignant du vintage ou de l'obsolète (les deux faces d'une même réalité), comme Simone, la voix de la SNCF, qui aurait pu aussi s'appeler Jessica ou Cessyle, au gré des marketteux (mais qui s'appelle peut-être réellement Simone, c'est le plus beau).

Eh bien non, Mauricette existe, et plus important, elle est vivante, je l'ai appris ce matin en écoutant la radio: Mauricette, c'est la première Française vaccinée, le 27 décembre dernier. Des rumeurs ont couru sur sa mort dès le lendemain. Tout les matins vers 8h20 RTL consacre quelques minutes à démonter une fake news ou des chiffres bidonnés.
Ce qui m'a intéressée ce matin, c'est que le journaliste a précisé que de nombreuses personalités sont intervenues, dont le maire de Sevran, pour démentir cette rumeur.

Trump aura au moins servi à cela: après les événements du Capitole, plus personne ne croit que les fake news sont inoffensives (ce qui était vaguement mon cas: laissons dire, quelle importance, les stupides seront toujours stupides, etc.).
Elles ont des conséquences, et si la vérité finit toujours par triompher (phrase qui n'est qu'un acte de foi, car comment savoir qu'elle n'a pas triomphé si l'on ne connaît que la version mensongère sans savoir qu'elle est mensongère?), il vaut mieux la faire triompher tout de suite plutôt que laisser se développer tout un ensemble de catastrophes qui auraient été évitables (cf. le film des frères Coen Burn after reading et son dernier dialogue: «— Qu'avons-nous appris? — Rien»; un film désopilant ou désolant par sa bêtise constante (une spécialité des frères Coen)).

Je n'aurais jamais imaginé

Ayant fini une réunion zoom avec mes anciens co-listiers, je fais un tour sur FB et je découvre ces statuts d'Elisabeth:



Stupéfaction. Rivés à nos écrans jusqu'à minuit passé, jusqu'à ce que la situation paraisse sous contrôle.

Je n'aurais jamais imaginé voir cela. La chute du mur, c'était la confrontation est/ouest, les tours du World Trade Center c'était la guerre Orient/Occident, mais là… Les Etats-Unis pris à partie de l'intérieur… je pensais que seuls les Etats du sud étaient concernés, que l'extrême-droite survivant à la ségrégation et au KuKluxKlan ne concernait que le sud.

Je songe à Ruth qui m'avait choquée et vexée en insinuant en août 2019 que les gilets jaunes étaient les dignes héritiers de la Révolution française et qu'il fallait ce type d'agitateurs pour faire naître un ordre nouveau (et moi aux mots trop maladroits pour lui expliquer que la Révolution française était une révolte des marchands qui voulaient un poids politique, comme la Révolution américaine c'était les riches négociants qui ne voulaient plus payer de tribu à la lointaine Angleterre: on est loin d'une révolte de va-nus-pieds).
Je me demande ce que pense Ruth maintenant. Je ne vais pas avoir la cruauté de le lui demander. Les Américains sont si fiers de leur constitution, à leurs yeux modèle et mère de toutes les démocraties.

D'ailleurs l'émotion américaine est considérable. On parle de démettre Trump qui n'a toujours pas reconnu sa défaite mais a demandé aux émeutiers de rentrer chez eux — reconnaissant implicitement qu'il les avait d'abord encouragés dans leur action.


J'avance dans Il n'y aura pas de paradis. Fantastique description des Afrikanders et de l'apartheid ou de l'Algérie au moment de l'indépendance.

H. tolstoïen

Mark Hamill a twitté le visage des trois présidents Obama, Trump, Biden en reprenant les titres des trois StarWars originaux


Mark Hamill (mauvais acteur mais twittos parfait) a twitté le visage des trois présidents Obama, Trump, Biden, en reprenant les titres des trois StarWars originaux.
Cela enchante H. quand je le lui montre. Je l'interroge :
— Et après, qu'est-ce qui se passe?
— Comment ça, après?
— Il n'y a pas de films qui se passent après, qui racontent la suite?
— Ah oui… Ça se passe mal.
Et comme je fais la moue:
— Qu'est-ce que tu veux, sinon il n'y a pas de film.

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J'ai oublié de noter (c'est sans doute important pour la suite, donc je le note) que mardi Apple a présenté un microprocesseur révolutionnaire (H., ravi et estomaqué: «ils sont revenus aux sources de l'informatique!») qui embarque sa propre mémoire et sa propre carte graphique (si j'ai bien compris). C'est beaucoup plus puissant en consommant trois fois moins.
Il est possible que les expérimentations aient été menés depuis des années à l'intérieur des iPhones dont les puces sont quasi inconnues. En fait, j'en suis à me demander pourquoi on ne se sert pas de nos téléphones comme ordinateurs : on plugguerait un clavier, un écran, une souris, et roule Mimile.

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J'ai craqué : je suis allée me commander de nouvelles lunettes. Suite au vol du 1er octobre, j'utilisais celles d'il y a trois ans mais je fatigue beaucoup trop.
Une semaine d'attente.

Des nouvelles du monde

Joe Biden a gagné, c'est officiel et définitif. Nous avons eu en visio un Nathan ravi et épuisé, incapable de plus rien ressentir. Trois mois qu'il fait du porte-à-porte en Géorgie pour convaincre la population d'aller voter.
Kalama Haaris est également un beau symbole.

Nathan nous a parlé de ses amis au Danemark, cloîtrés, dans la crainte d'une mutation du virus qui remettrait en cause les vaccins en cours d'expérimentation. La lumière tremblotante au bout du tunnel est en train de sérieusement vaciller.

Trump tweete: j'ai gagné de beaucoup (a lot)

Trump tweete qu'il a gagné puis finit par aller jouer au golf.
Twitter contredit le président en faisant remarquer que le décompte des voix n'est pas terminé au moment où ce tweet est publié. Peu de temps avant, des télé américaines ont interrompu la retransmission de discours trumpistes tant ils étaient violents. Tout le monde redoute un déchaînement de violence (les commerçants se barricadent comme devant les gilets jaunes) et les personnes raisonnables tentent d'apaiser les esprits.

Le dernier automne

Première gelée.

Je tiens le compte des derniers jours passés dans cette maison.

Nous attendons les résultats de l'élection américaine.

Bingo

Journée sur les comptes et la liasse fiscale.

Je n'écoute plus les informations mais elles me parviennent. J'ai cru comprendre que Trump considèrerait que deux cent mille morts seraient une victoire — sa victoire (plutôt que les deux millions possible). Au Brésil, c'est la pègre qui a instauré le confinement.

Je n'écoute plus les informations. Une rameuse pense que la sortie de confinement (le déconfinement) sera progressive; elle n'envisage pas que le club soit rouvert avant septembre.

Le bingo suivant résume les conversations sur les réseaux sociaux. Le bingo me fait rire et les conversations me lassent. J'en suis à la cinquième saison des Walking Dead depuis vendredi.



Hier j'ai testé «l'échec d'une préparation culinaire»: un steak vegan aux lentilles et poivrons.
Une imitation de Brassens.
Une imitation de Queen.

Crise de chagrin

Entraînement d'ergo. Je n'arrive à rien. Samedi nous avons un test. Attaque de chagrin, sanglots incontrôlables, incapacité à parler et H. qui m'en veut parce que je n'ai pas la force de répondre à ses questions (il faudrait reprendre souffle pour répondre. Et que répondre? )

Mais qu'est-ce que c'est que ce truc? Les hormones? La ménopause? Déprime profonde.

Puis je découvre un tweet de Trump.


Stupeur profonde.

Interrogations transatlantiques

K., installé à Boston depuis quatre ans, passe le week-end à la maison avant de regagner lundi un hôtel à la Défense pour une semaine de travail.

Je l'interroge sur Trump, parce qu'à ne fréquenter que des gens anti-Trump, je manque de la vision de ses partisans: à son avis, Trump sera-t-il réélu? (Peut-être plus maintenant avec la menace d'une procédure d'impeachment en cours. Mais il y a une semaine ou deux, oui, c'était probable.) Mais pourquoi? Les Américains sont-ils satisfaits de son bilan? Ses collègues de travail ne sont-ils pas inquiets quand ils envoient leurs enfants à l'école? (Bah tu penses toujours que ça tombera sur quelqu'un d'autre. C'est comme des supporters d'une équipe de foot: tu choisis la tienne puis tu la défends mordicus, même si elle marque avec la main. Il n'y a aucune dimension éthique dans cela.)

Cela me satisfait peu. Lui m'interrogne sur les paysans: «Je ne comprends pas: à suivre les infos de loin, j'entends parler d'agriculture bashing. C'est vrai?» (Oui, c'est vrai. Entre les végétariens et les anti-glyphosates, tu as toute une frange de la population qui veut imposer ses vues sans avoir d'idées très précises sur les contraintes que cela suppose de nourrir soixante-dix millions de personnes. Tel que c'est parti, la France va se retrouver sans paysan, à importer des produits agricoles alors qu'elle a une des terres les plus riches d'Europe.)

Il me regarde, incrédule. Demain au marché j'achèterai pour lui des fraises et des haricots verts à Philippe, le maraîcher qui part bientôt à la retraite et qui ne trouve pas de repreneur.
— Il y a des marchés dans le Massachussets?
— Pas vraiment. Ils n'ont pas de vitrines réfrigérées. Le boucher se promène avec des glacières et une ardoises. Quand tu demandes quelque chose, il te sort le morceau de viande emballé sous vide. Moi, je n'arrive pas à acheter si je ne vois pas. Et les légumes… Les bénéfices du circuit court, ils ne connaissent pas. Tout est dix fois plus cher qu'en grand magasin, sans être franchement meilleur.

Immonde

Après la fusillade d'El Paso, Donald et Melanie Trump ont posé avec un bébé dont les parents venaient d'être assassinés par le white supremacist.



Résumé d'Ana Navarro-Cárdenas: «Vous me dites que c'est le bébé dont le père et la mère ont été tués par un white supremacist aiguillonné par Trump, qui les a traqués parce qu'ils étaient hispaniques? Et maintenant Dorade Trump trouve adéquat de poser les pouces levés. Imbécile.»



J'ai juste envie de vomir. Je hais cet homme, pour l'exemple de méchanceté et de bêtise impunies qu'il donne au monde entier.

Stupeur et désolation

Trump a refusé de prendre part aux cérémonies du 11 novembre parce qu'il pleuvait.





Nous savons tous qu'il manque d'empathie, que l'empathie lui manque, comme il lui manquerait un sens. Nous l'avons vu après les cyclones, après les fusillades dans les écoles, aujourd'hui pendant les terribles incendies de Californie. Son indifférence et son ennui sont, essentiellement.
Il est impossible de s'y habituer, et chaque fois il parvient à nous surprendre.
Comment les Républicains ont-ils pu présenter un type pareil à l'investiture? Cela demeurera pour moi à jamais un mystère.

La nomination de Brett Kavanaugh

Ce n'est pas pour des raisons féministes que je suis atterrée par la nomination de Brett Kavanaugh samedi dernier, mais pour des raisons pédagogiques: comment enseigner aux enfants qu'il faut se conduire honnêtement et dignement quand des fripouilles comme Trump et Kavanaugh, uniquement mûs par leurs intérêts particuliers, semblent l'emporter dans tous les domaines?

Lecture et géopolitique

Je lis Rahner au soleil, Qui est ton frère?, article de colloque de 1982 qui rappelle combien le style de Jean-Paul II avait déstabilisé la Curie et les théologiens.
Parmi les intellectuels allemands appartenant à l'Eglise, il y en a beaucoup — disons-le en toute honnêteté — qui estiment que l'actuel pape est bien trop polonais. Mais pourquoi n'aurait-il pas le droit d'être polonais? […] Les «supporters» du Pape (que l'on me pardonne ce terme) devraient ne pas se formaliser de voir un chrétien moins enthousiaste qui, sans pour autant nier la fonction pontificale, fait honnêtement état de ses divergences d'opinion. Cette tolérance réciproque est aussi un aspect de la nécessaire fraternité qui doit régner actuellement à l'intérieur de l'Eglise.

Karl Rahner, Qui est ton frère ? ed. Salvator, Mulhouse 1982
Aujourd'hui nous savons que le pape suivant sera (a été) allemand.


Pour mémoire, Trump a dénoncé aujourd'hui l'accord nucléaire iranien peu après que la Corée du Nord a annoncé la fin de ses essais nucléaires. Tout se passe comme si maintenant que la menace nucléaire s'est éloignée des cotes américaines (l'Alaska), Trump la redirigeait vers Israël et l'Europe.
Der Spiegel fait une analyse proche, même si plus économique.

2018 sur les chapeaux de roue

Eclats de rire et consternation. Restera-t-il quelqu'un pour lire ces billets dans trois ans ?

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Le leader de la Corée du Nord Kim Jong Un vient de déclarer que le bouton nucléaire demeure sur son bureau en permanence. Quelqu'un dans ce régime appauvri et affamé aurait-il l'amabilité de l'informer que moi aussi je possède un bouton nucléaire, mais que le mien est bien plus gros et bien plus puissant que le sien et que mon bouton fonctionne !


Par ailleurs, Paul Otchakoski-Laurens est mort hier dans un accident de voiture.

Quel futur pour mes blogs ?

H. a passé ces derniers jours a cherché des solutions pour transférer mes blogs. Je suis embarrassée qu’il y consacre temps de temps, surtout pour VS : que faire de ce blog ? Le continuer, le mettre hors ligne ? Continuerai-je jamais l’analyse de l’oeuvre de RC, est-ce que cela en vaut la peine ? Ai-je perdu dix, douze, quinze ans de ma vie à lire RC ?
Non, non, ce n’est pas perdu, la plupart de mes relations proches sont une conséquence de ma lecture de RC. Et j’ai tant appris en littérature, peinture, musique, voyages… Non, non, ce ne fut pas inutile.
Et cependant… ai-je négligé les enfants pendant toutes ces années ? Sans doute que oui.

J’essaie d’expliquer à H. qu’il ne faut pas la même chose pour VS et Alice : un blog pour Alice mais plutôt un site pour VS. Je farfouille, je lui montre les billets sur L’Amour l’Automne : comment les rendre plus lisible en ligne (sous réserve que j’y travaille, bien sûr). Surtout je lui montre l’affreux carphanaüm que cela est devenu, un quart peut-être des billets indexés (pas eu le temps de faire les autres), des logiques de catégories qui ont changé avec le temps sans que les transferts de logique soient totalement menés à bien (la disparition de la catégorie Citation au profit de catégories par auteur (« — Mais pourquoi ? c’est moins lisible. — Oui, mais les gens ne cliquent pas sur l’index. L’expérience prouve que très peu de gens cliquent, très peu sont curieux, surtout depuis FB »), la même transformation attendue de la catégorie Livres mais pas encore terminée, la coexistence de billets en wiki et en html : « — mais pourquoi tu le fais à la main ? L’informatique le fera beaucoup mieux que toi.» Comment lui répondre que je le fais moi-même car je ne sais pas quand il sera disponible pour travailler sur mes blogs ? D’autre part ça me permet de relire et corriger mes billets (c’est difficile car je n’aime pas mon ton, le style instituteur de certains billets)), l’existence de deux types de photos, certaines hébergées dans dotclear et d’autres dans dropbox (désormais introuvables…)

Je suis embarrassée de le voir consacrer autant de temps à reprendre quelque chose que je ne suis pas sûre de continuer, dont je ne suis pas sûre de voir encore l'intérêt. Il me répond gentiment de ne pas m'inquiéter : c'est l'occasion pour lui de faire des recherches sur des technologies qu'il a besoin de connaître.

*****

Par ailleurs, date fatidique, H. a cassé l'anse de la tasse d'un demi-litre que j'ai acheté à Versailles en janvier 1986. J'ai bu des litres et des litres de thé dans cette tasse. Mon premier réflexe a été de dire : « tant pis, l'anse ce n'est pas très important » mais j'ai essayé plus tard : c'est tout de même très gênant (je ne le lui ai pas dit).

*****

Pendant ce temps, il y a eu un mort à Charlottesville durant des manifestations et anti-manifestations de « suprémacistes » (nazillons) américains. Trump a déclaré qu’il y avait des « gens biens » des deux côtés. Soupir.
Est-ce pire que les années maccarthistes, est-ce pire que la chasse aux sorcières, est-ce pire que l'ambiance contre la lutte des noirs américains pour les droits civiques dans les années 50 et 60 ?
N’en est-ce que la prolongation ou s’agit-il d’un paradigme différent, héritier des théories raciales nazies ?
Je n’aurais jamais imaginé vivre cela.

Folie : la reprise

Je continue à prendre des notes pour le futur, quand nous ne comprendrons plus ce qui s'est passé (si tant est que nous le comprenions maintenant, mais au moins nous le vivons).

Trump est à deux doigts de déclarer la guerre à la Corée du Nord.
D'après "Rogue Potus", un compte twitter de "résistants" qui twitte de l'intérieur de la Maison blanche, les félicitations remportées par son bombardement en Syrie en réponse à un gazage de la population (et notamment des enfants) sont montées à la tête de Trump qui souhaiterait obtenir à nouveau le même type de louanges:
Rogue POTUS
Precisely. All the praise for being "Presidential" when he bombed Syria went to his head. Now he's looking for his next fix.


En France, l'hystérie s'est emparée du pays. Nous sommes loin de la réaction spontanée et solidaire de 2002 contre le Front National. S'est-on habitué à l'idée, ou la fille fait-elle moins peur que le père?

Mélenchon n'a pas appelé à faire barrage contre le FN, les évêques de France ne se sont pas encore prononcés, LaManifpourtous (devenue l'association Sens commun), sans (grande) surprise, se rallie à Le Pen.
Des gauchistes déclarent qu'ils s'abstiendront, comme si Macron était pire que Chirac, comme si Macron n'avait pas été un ministre de Hollande. (Faut-il que Macron soit brillant pour déclencher autant de haine. En tout cas, moi qui n'en pensais pas grand chose, je vais finir par le croire.)
Certains déclarent que voter Macron en 2017, c'est faire le lit du FN pour 2022 (cherchez la logique de favoriser celui-ci dès aujourd'hui).
Bien mieux, la nouvelle tendance semble de déclarer qu'on s'abtiendra (genre "je ne mange pas de ce pain-là") mais de pousser les autres à voter contre Le Pen "parce que le FN, c'est terrible".
Plus Tartuffe tu meurs.

Voici un fil twitter d'une femme de gauche détestant Macron mais appelant à voter pour lui. Ce qu'elle pense ne représente pas mon opinion, mais je trouve intéressant sa récapitulation de ce qui se passe aujourd'hui dans les mairies FN: ce qui se passe au présent, pas dans le futur.
Les tweets datent du 25 avril. Depuis, la tweeteuse L'étagère (c'est son nom) s'est déconnectée pour ne pas trop s'énerver.
Donc voici la suite des tweets, pour les lire aujourd'hui, les conserver demain.
Ce lundi j'ai lu plusieurs threads d'abstentionnistes de gauche expliquant pourquoi ils refusaient de voter, et avant de couper twitter 10j

j'aimerais répondre -sans agresser les gens- que je. ne. comprends pas. Vraiment pas. J'entends le "on lutte déjà", "on luttera autrement",

de nbrx militants associatifs de terrain, de gens dans l'opposition à l'échelle locale etc. Qui oui, s'engagent tous lrs jours, vote ou pas

Mais puisqu'on a le *pouvoir* de bloquer le FN *pourquoi* ne pas l'utiliser pour avoir à lutter contre le moins violent des 2 ?

Je ne comprends pas qu'on puisse prendre un risque aussi dingue. Macron c'est l'ubérisation de la France le libéralisme taré, totalement.

Mais putain l'autre c'est le fascisme. Le genre qui arrive au pouvoir par les urnes mais n'en repart pas forcément de la même façon.

Bordel même Fillon a appelé en 30 s à leur faire barrage. Même Alliance ! Tandis ce matin JMLP (Jean-Marie Le Pen) soulignait la dignité de Mélenchon :-(

Je rejoins totalement l'idée que le "vote utile" et les stratégies font toujours décaler un peu plus la "gauche" vers le centre / la droite

Que tous les 5 ans le candidat "de gauche" l'est moins que le précédent qui l'était moins que le précédent. Et d'ailleurs, convaincue depuis

bien *2 mois* que j'allais voter Macron en me bouchant le nez j'ai changé d'avis au dernier moment. Compris les potes qui votaient blanc

(Tout en agonisant jusqu'aux résultats et en remerciant ceux qui nous auront évité un 2d tour Fillon / Le Pen)

Mais on est au 2d tour. Avec un FN sur une base solide d'électeurs (qui ne s'abstiendront pas, eux) & une sacrée réserve de voix potentielle

mais surtout, surtout, avec un gouvernement actuel qui leur a mis en place tous les outils pour bien nous niquer dès leur arrivée.

La loi renseignement, l'état d'urgence. Evidemment que ça me débecte de voter pour ces gens là et que je me sens prise au piège

Ms est-ce qu'on peut pas juste bloquer l'autre & décider qu'on luttera de ttes nos forces contre celui qui ne tirera pas à balles réelles?

En fait ce qui me terrifie le *plus* quand j'écoute les amis de gauche abstentionnistes, c'est de réaliser qu'ils pensent vraiment Macron

aussi dangereux que Lepen. Ou plutôt, Lepen pas plus dangereuse que Macron. Alors sans nier une seconde le danger du candidat non-fasciste

Je vais tenter un petit rappel de ce que font les candidats facistes. Et nan je vous insulterai pas avec une comparaison France / CdN (Corée du Nord, je suppose)

Et préfère m'en tenir purement à ce que font les élus FN avec un mandat, ici, en France.
Genre, ficher les élèves musulmans (Béziers)

Ou confisquer les locaux de la Ligue des Droits de l'Homme (Mantes-La-Ville)

Ou interdire tout enregistrement de leurs conseils municipaux (arrondissement Marseillais)

Ou encore bannir les journalistes des dits conseils (Fréjus)

Faire virer les adjoints qui repèrent le trucage des comptes de campagne (Hayange)

Faire interdire des conseils de rock, ou des spectacles de danse orientale, ou un film (Revoyez-le tiens, "Chez nous".)

Virer les subventions des clubs de foot parce que les jeunes y parlent trop en mode "banlieue"

Se réjouir de l'assassinat d'un homme par les terroristes car "bonne diversion !"

Annoncer l'armement de la police municipale avec une campagne délirante en mode "les armes sont nos amies"

Recruter des ex Générations Identitaires fichés par la DCRI (quoi c'pas fiché S ?) (Cogolin)

Repeindre ou censurer des oeuvres d'art (Hayange), retirer @libe de la bibliothèque municipale (Fréjus)

Faire construire un mur anti-roms, pardon, "anti cambriolage" et transformer des rues en impasse (Hénin-Beaumont)

Faire évacuer le stand du Parti de Gauche par la police sur un marché (Fréjus)

Interdire l'accès au spectacle de Noel aux gamins ne présentant pas de papiers d'identité français (Marseille)

Annuler la participation de la ville au Téléthon tout en cherchant à s'augmenter de + de 40 % (Pontet)

Donc oui, j'ai 50 alarmes rouges clignotantes avec sirènes qui gueulent dès que Macron parle travail, chômage, entreprise, start-up

Mais avec le FN plus rien ne sonne parce que ça a déjà explosé depuis longtemps. Le FN au pouvoir c'est ça : une censure de la presse, de la

*culture*, le blocage des associations militantes, des partis d'opposition, et des affiches et initiatives qui feraient rêver la NRA

Si vous vous abstenez parce que vous pensez que MLP ne passera pas, qu'on est large, demandez vous combien font ce calcul

Et si vous vous abstenez parce que merde et "on fera avec" je vous conseille de passer quelques jours à Hénin-Beaumont, ou de lire ceux qui

y vivent (je vous renvoie sur le FB ou twitter de @marinetondelier, entre autres), de voir un peu avec quoi "on fera avec" #Régime

Suis toute pr descendre dans la rue les 5 ans qui viennent mais allez savoir pourquoi j'ai l'espoir que la lutte sera un cran moins réprimée

Si on fait barrage au parti qui veut tuer nos assos et nos moyens de lutter, armer leurs milices & faire taire la presse qui les dénoncerait

Bon & très égoïstement j'aurais rien contre garder le peu de droits acquis ss Hollande ni voir ma binationale de mère

Ou ma pote reconduite à la frontière mais ça c'est encore autre chose

Vous vous rappelez la mobilisation dantesque contre la Loi Travail? Et ses résultats? Sa répression déjà ultra agressive?

Parce qu'a priori la répression sous le FN ça sera pas juste des matraques un peu plus longues et 10 volts de plus dans les tasers.

Voter contre Marine (et pas "pour Macron") c'est pas se trahir, c'est juste se foutre un gilet pare-balles avant de descendre dans la rue

C'est absolument pas incompatible, en ce qui me concerne, avec l'idée de lutter sur le terrain contre cette politique libérale de merde.

Alors que sous le FN, pas dit que "être en capacité de lutter tout court" devienne un privilège plus restreint que jamais.

J'en profite pour dire aux amis abstentionnistes-mais-qui-partent-vivre-au-Canada que pour le bien de notre amitié on se reparlera post 7mai

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Agenda
Charlotte chez le vétérinaire. Détartrage et arrachage de dents.
Acupunctrice. Très encourageante en regardant mon IRM. Elle a piqué des endroits très douloureux dans le pied.
Reprise du travail. Je suis reposée.

Chroniques du temps immédiat

Suspendue aux nouvelles du monde. Une impression de mauvais rêve. Tout est logique et irrationnel.

Fillon a embauché sa femme pour cinq cent mille euros sur huit ans.

Lundi, France Inter a préféré commenter la primaire de la gauche que les centaines de milliers de femmes qui ont marché contre Trump.

L'état-major du Département d'Etat américain démissionne. (Enfin. Enfin de la résistance en haut lieu).

Trump signe décret sur décret, IVG, mur, oléoduc, fait disparaître des pages du site de la Maison Blanche. Sa femme a l'air profondément triste.

Le terme "alternative facts" fait exploser les ventes de 1984 (un livre interdit en Floride pour son contenu communiste…)

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Agenda
Finalement B. a signé. La boîte aux Etats-Unis est créée. Nat vient en France le mois prochain.
J'ai choisi mes spectacles à l'opéra pour l'année prochaine.

Derrière moi

L'oral est passé (question après l'exposé: «comment expliqueriez-vous à l'homme de la rue la différence entre Thomas d'Aquin et Schillebeckx?»)

Bavardage avec une jeune esthéticienne venue des îles. Elle et ses amis n'utilisent que des assiettes et des couverts jetables quand ils dînent ensemble.
— Ce n'est guère écolo… et je n'aime pas manger dans des assiettes en carton.
— Oui, mais après il faut laver, et puis j'ai peur qu'on me casse ma vaisselle.
— Oh mais c'est de la vaisselle Ikéa, hop, on rachète.
— Oui, mais il faut y aller… Mais moi non plus je n'aime pas la vaisselle jetable. Quand les copains me donne une assiette en carton, ça va encore, mais des couverts en plastique…
— Lancez une nouvelle mode, amenez votre assiette et vos couverts quand vous allez chez vos amis.

J'ai passé l'oral. Demain carte de vœux, billets de blog, le dernier Jarmush, une sortie sur la Seine, des livres lisibles… Demain est un autre jour, je vais me coucher, je suis debout depuis trois heures, oral oblige.


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Investiture de Trump. Pourquoi cela m'affecte-t-il autant, après tout je ne suis pas concernée. Mais d'une part je le suis, évidemment; et d'autre part je ne peux m'empêcher de ressentir de la honte, une honte collective, commune, une complicité à faire partie d'une humanité capable d'élire un type qui s'est moqué d'un handicapé, qui a fait rire des plus faibles, qui a pour ambition d'écraser et non de protéger (voir le discours de Meryll Streep qui exprime cela parfaitement). Je suis accablée de me prendre cette vérité en pleine poire. Je la connaissais, bien sûr, mais je l'évitais, je l'oubliais. Réveil brutal, KO debout depuis novembre.

Pas le jour

Zut, je suis agacée. Et je devrais travailler et je ne travaille pas. Tout est allé de travers aujourd'hui, à peine, imperceptiblement, bien peu par rapport à l'agacement généré, à commencer par le réveil que je n'avais pas mis à sonner, le téléphone oublié dans la voiture dont je ne savais plus si je l'avais fermée, les "amis" FB qui vous menacent si vous ne signez pas leur pétition (??) alors qu'eux-mêmes ne réagissent jamais à aucune de vos sollicitations, ceux qui vous signalent que votre statut est ridicule, A. qui est incapable de comprendre que si j'envoie une question par sms c'est pour avoir une réponse et ce soir le réseau de la maison qui est tombé (problème d'adresses, de baux DHCP) alors que je me faisais une joie de regarder la suite de The OA.

(Mais qu'est-ce que j'ai? Rien de cela ne justifie mon énervement. La frustration aussi de savoir que si j'expliquais ma façon de penser à deux ou trois niquedouilles, ils ne s'en remettraient pas et qu'il faut donc que je me retienne. Je suis trop gentille.)

Et sinon il y a ça qui traîne (GOP: Républicains = Great Old Party): «domaines que les Républicains souhaitent réguler». Je le publie moins pour la sixième image que pour les cinq premières, résumé lapidaire de ce qui désormais occupe le devant de la scène (je me souviens d'une époque où c'était la guerre froide, la faim dans le monde, le prix du pétrole (élevé)).


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Jour tranquille

Journée de travail sans fantaisie mais fructueuse. Mes cadeaux de Noël sont finis, à un près. Mais celui qui manque est compliqué.

H. rentre de Tours aphone.
Les amants du Capricorne. Larmoyant pendant la première moitié, prenant de l'épaisseur ensuite en intriquant les cas de conscience. Ce genre d'intrigue ne serait plus possible: les personnages principaux auraient divorcé rapidement. C'est cet interdit qui permet la tension du film: comment résoudre les contradictions puisqu'il n'est permis ni de se séparer, ni de tuer?

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Jour tranquille. Je me demande si je dois changer le titre. Alep tombe, Poutine semble victorieux sur tous les fronts. Par un enchantement que je ne comprends pas, personne ne semble oser ou même souhaiter lui tenir tête. Je me dis que je vais faire mon mémoire de dernière année sur le diable (je me demande si on me laisserait faire. Ce n'est plus une explication du mal très prisée. Je pense avoir compris la méthode de ce genre de travail: établir un vaste panorama historique, à commencer par le Nouveau Testament, où Belzébuth et ses légions sont clairement nommés, ce qui permet de noicir quatre-vingt-dix pour cent des pages à rendre.)

Dans les bizarreries du temps, et pour passer de la tragédie à la farce, les époux Balkany sont accusés d'avoir organisé un mariage pour s'approprier un terrain. Dickens, Brontë, Balzac, je ne sais plus très bien. Mais que se passe-t-il?

Cette impression de farce est permanente. Farce aussi, tragique elle, le cabinet de Trump: un banquier de Goldmann Sachs aux finances, un climatosceptique à l'environnement, un général fou de guerre à la Défense, un nazi pour porte-parole, un pétrolier poutinophile aux affaires étrangères, un médecin anti Obamacare à la santé…




Je note tout ceci en espérant encore que cela paraîtra ridicule dans quelques temps, qu'il va être un président apportant la paix et la propérité… Je note tout ceci pour avoir quelque chose à répondre aux enfants qui ne sont pas encore nés lorsqu'ils viendront nous demander pourquoi nous n'avons rien fait: je note notre impuissance et notre appréhension.

Actualités

L'agitation du monde et de ma vie quotidienne semble inversement proportionnelle. Rien à raconter (mercredi journée silencieuse, je suis seule au bureau). Je vais noter les sujets du moment:
- Trump bien sûr, avec ses partisans qui font le salut nazi, l'écart de deux millions de voix entre lui et Clinton en faveur de Clinton, des rumeurs de fraude électorale (des hackers russes auraient influencé les décomptes en faveur de Trump). Clinton va-t-elle contester? (il me semble qu'elle a jusqu'à vendredi pour le faire).

- Fillon contre Juppé à la primaire de droite. A priori je ne suis pas très concernée, mais je suis ahurie devant les idées réactionnaires de Fillon. A lire Twitter (ma TL est orientée, très orientée, bien sûr), on dirait qu'il veut effacer vingt ou trente ans d'histoire contemporaine: un type paternaliste comme je supposais qu'on n'osait pas l'être publiquement. Résurgence de l'homophobie et de la misogynie (mais cela va toujours ensemble, puisque le misogyne définit sa nature d'homme en fonction de la femme (qu'il méprise): l'homosexuel lui pose un problème puisque celui-ci est la preuve qu'un homme peut se définir en soi, du fait de sa propre valeur, sans avoir besoin de se comparer à une femme pour se rassurer.)
Encore un poutinophile. Mais pourquoi? Pourquoi sont-ils tous Poutinophiles? Il faut dire qu'il y a longtemps que la presse française a arrêté de nous parler des opposants assassinés, des expropriations, des manifs d'extrême-droite en Russie… je ne vois ça que sur FB. C'est comme si la guerre en Ukraine puis en Syrie avait amené les Français à se dire quelque chose du genre: «c'est leurs histoires, après tout Poutine n'a pas forcément tort, on n'y comprend rien, qu'ils se débrouillent. Et puis les Russes aiment Poutine, il ne doit pas être si mauvais.»

- Toujours rien à gauche (Macron s'est déclaré candidat, ce qui fragmente encore le vote de gauche).

- Mobilisation auprès du gouvernement turc pour qu'il libère Aslı Erdoğan.

Et les migrants (cette bonne idée de les répartir sur le territoire français), et un génocide en Birmanie (le peuple des Rohingya), et un tremblement de terre au Japon,…

Parce que ma première playlist m'a amusée et que Leonard Cohen est mort le 7 novembre, j'ai fait une playlist de prénoms, si possible de chansons françaises malgré tout puisqu'elle est destinée à un ami américain.
J'en profite pour vous aiguiller vers ces limericks de prénoms: du nawak contemporain, mieux vaut en rire avant d'en pleurer.

Quelques prédictions

Tard le soir, regardé Margin Call. J'ai tant l'impression que ceux qui devraient être en prison, que ceux qui auraient dû être punis pour avoir plongé la planète entière dans la récession, vont se retrouver au pouvoir…
Ils vont être au pouvoir, ils vont provoquer une ou des catastrophes, ils seront finalement châtiés (par l'enchaînement des faits ou par la justice des hommes), mais entretemps, beaucoup d'autres auront vu leur vie détruite par leur incompétence et leur cupidité.
Les prédictions, c'est un bon moyen d'être ridicule. Heureusement, on les oublie, sauf ceux qui les exhume.

Et après avoir regardé Margin Call j'écris une fois encore que je me soulerai à mort le jour où j'apprendrai la chute d'une agence de notation.

Après Trump

— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je regarde un film.
— Quoi ?
Le Grand Blond avec une chaussure noire.
— Ah oui quand même ! On ne devrait jamais quitter Montauban !





Blague à part, je me rends compte que si je suis si déçue, c'est que j'imaginais vraiment pouvoir quitter la France si elle m'exaspérait. Et maintenant… Quatre ans. Espérons qu'il n'y aura pas trop de dégâts à l'international. Il va falloir que l'Europe prenne ses responsabilités. En est-elle capable? (Je ne le crois pas.) Merkel est instituée leader de l'Europe.

Je copie colle le tweet d'un professeur de stratégie à l'université de Copenhague:
«Good morning, Europe. You are all alone with the Russians now. Please repeat after me: Crimea is ancient Russian land.»

DT

Ben mince alors, où irons-nous quand Marine nous fichera dehors pour mauvais esprit? L'Uruguay, il ne reste que l'Uruguay. Il faut que je me mette à l'espagnol.

D'Obama à Donald Trump

Guillaume et moi lisions le même article de Courrier international. Mais tandis que lui relevait un point de traduction, j'obtenais enfin l'explication d'un mystère: comme pouvait-on passer d'Obama à Trump, comment la même population pouvait-elle faire un tel grand écart?

La réponse était pourtant évidente: il ne s'agit pas de la même population. Ceux qui plébiscitent Trump sont les Blancs qui ne supportent pas qu'un Noir puisse être meilleur qu'eux.
[…] On peut difficilement interpréter l'histoire des Etats-Unis — ou décoder l'élection présidentielle de 2016 — sans se référer à la lutte entre les Blancs pauvres et les descendants des premiers esclaves. Lyndon B. Johnson, qui est arrivé à la Maison-Blanche un siècle après la guerre de Sécession [en 1963], en a saisi les conséquences politiques de manière frappante. "Si vous pouvez convaincre l'homme blanc le plus médiocre qu'il vaut mieux que l'homme de couleur le plus talentueux, il ne s'apercevra pas que vous lui faites les poches, a déclaré le trente-sixième président américain. Diable, si vous lui mettez sous le nez quelqu'un à mépriser, il videra même ses poches pour vous." […]

«La revanche des "white trash"» dans Courrier international HS septembre-octobre-novembre 2016. Traduction d'un article d'Edward Luce paru dans le Financial Times le 15 juillet 2016
J'aurais dû m'en douter. C'est un problème courant en entreprise pour une femme : ce que ne supportent pas certains hommes, c'est qu'une femme soit aussi, ou (horreur) plus intelligente qu'eux.
(Cela peut déborder l'intelligence et se placer sur d'autres plans: je sais par exemple qu'il y a peu de chances que je convainc mes collègues de venir ramer. Vu ma position étrange dans l'organigramme, où je ne côtoie que des directeurs sans en être un, je sais qu'aucun n'acceptera de, ne songera même à, venir débuter dans un domaine que je maîtrise. J'ai évoqué cette situation une fois dans le vestiaire: toutes les femmes présentes, de tous âges, ont toutes très bien compris ce que je voulais dire.)

Bref.

Si Hillary Clinton est élue… Nathan songeait pour le futur à Michelle Obama. Si cela devait se réaliser, je me demande quelle monstruosité pire que Trump l'Amérique exhumerait ensuite.



PS: deux jours plus tard, un discours de Michelle Obama.

Allez mourir ailleurs

A l'origine ce billet a été créé le 23 février1 et devait apparaître ce jour-là, jour où j'ai entendu confusément dans la voiture qu'un camp devait être rasé (confusément car sans entendre exactement de quel camp il s'agissait, mais en supposant qu'il s'agissait de Calais: depuis le livre d'Haydée (Saberan), je suppose toujours que c'est Calais).
Le 23 était un mardi, j'avais fini le week-end précédent une biographie de Heydrich et un goût de désespoir m'a envahi: il y a tant de similitudes avec l'entre deux guerres, même si bien sûr, les Syriens ne sont «que» des civils fuyant la guerre et non un peuple fuyant les persécutions raciales2 (que dire à propos des Chrétiens d'Orient?3).

Je poste ce billet aujourd'hui, après avoir lu des tweets sur «les ruines [du camp] de Calais qui fument encore trois jours après» (?? je n'ai pas cherché à en savoir davantage), des photos des camps grecs dans lesquels s'entassent les migrants, à dix mille dans des camps prévus pour mille…
Devenu spécialiste de la question juive malgré lui, Heydrich avait amorcé, lors de sa venue à Genève, à la S.D.N., des tractations avec le haut commissariat des réfugiés de la Sociétés des Nations, tractations reprises ensuite par la Wilhemstrasse. Comme il n'était jamais à court d'idées, il avait suggéré à Hitler, Himmler, Goering et von Neurath, alors ministre des Affaires étrangères, d'expédier les Juifs allemands en Palestine. Son idée ne parut pas folle, car Hitler, avant la guerre, n'était pas antisionniste4. Malgré les démarches du grand mufti de Jérusalem pour le mettre en garde contre l'établissement en Terre sainte de trop fortes colonies privées juives, Hitler ordonna à Heydrich de mettre son projet à exécution. De 1933 à 1939, près de cinquante mille Israélites purent ainsi quitter l'Allemagne pour la Palestine, dans le cadre d'un accord, dit le Haavara («tranfert» en hébreu), conclu en 1933, et fort intéressant financièrement pour le Reich, car Heydrich savait dépouiller les gens d'une manière apparemment légale5.

«S'il n'y en eu pas davantage, écrit André Fontaine, la faute en revient aux Britanniques, qui à partir de 1937 limitèrent à une dizaine de milliers de personnes par an le nombre de Juifs autorisés à débarquer en Eretz et refoulèrent impitoyablement les immigrants clandestins.»

Heydrich demanda au Fürher de s'adresser aux Américains, qui, après la nuit du 8 novembre 1938, avaient fait une violente campagne de presse. L'affaire passa entre les mains inexpertes de von Ribbentrop qui ne sut pas en profiter. Si les Etats-Unis s'étaient indignés à titre privé, Washington parla «quota d'immigration» à titre officiel. Seuls 27000 Juifs allemands et autrichiens furent autorisés à immigrer. Malgré les demandes et les objurgations de nombreuses organisations, ce chiffre sera maintenu jusqu'à l'entrée en guerre des Etats-Unis contre l'Allemagne6. Mieux que cela: le 17 novembre 1938, sir Ronald Lindsay, ambassadeur de Grande-Bretagne à Washington, proposa à M. Summer Welles, secrétaire d'Etat au Département d'Etat, de renoncer à un certain nombre des 83.575 visas d'immigration auxquels Londres avait droit au profit des réfugiés du Reich. La réaction de Welles fut immédiate: il rappela que le président Roosevelt avait confirmé, quarante-huit heures plus tôt, qu'il n'était pas dans l'intention de son gouvernement d'augmenter le quota d'immigration octroyé aux ressortissants allemands. Les Britanniques, eux, ne pensaient que politique arabe et refusaient, comme on l'écrit plus haut, aussi bien l'accroissement de la colonie juive de Palestine que l'ouverture de leurs propres portes et celle des membres du Commonwealth. même après la «nuit tragique», M. Malcolm MacDonald, monistre des Colonies, rejeta l'offre des Juifs palestiniens d'adopter immédiatement 10.000 enfants allemands. Un mémorandum proposant d'accueillir 100.000 Juifs du Troisième Reich avait eu le même sort.

Toutes les portes se fermaient. Les particuliers, pourtant, ne se gênaient pas aux Etats-Unis et dans les démocraties de l'Europe pour crier leur indignation. Une conférence internationale se tint pendant l'été 1938 à Evian et diverses solutions furent envisagées, mais non réalisées. Elles ne débouchaient sur rien de concret.

Heydrich écrivit dans le Schwarze Korps que personne ne voulait des Juifs, et son article fut repris quelques jours plus tard dans le Völkischer Boebachter.

«Si personne ne veut de nos Juifs», suggéra alors Heydrich au Führer au cours d'un déjeuner à la chancellerie où se trouvaient réunis Rudolf Hess, Goering, Himmler, Goebbels et Bormann, «pourquoi ne pas demander demander à la France de les accueillir à Madagascar ou au Portugal de les recevoir en Angola. Ce sont des territoires sous-peuplés.»

Les gouvernements intéressés demandèrent le temps de la réflexion. La guerre survint. Heydrich reprit cette idée après l'occupation de la France, mais cette fois c'étaient les moyen de transports qui manquaient.

Georges Paillard et Claude Rougerie, Reinhard Heydrich, le violoniste de la mort, p.227-229, Fayard 1973
Je ne peux m'empêcher de penser que tout le monde se fiche que les Syriens meurent, tant qu'ils meurent ailleurs, et chez eux serait le mieux, loin des yeux et des caméras. De façon inattendue, j'ai l'impression qu'il n'y a guère que Merkel que cela émeuve. (Et les pays d'Europe de l'Est qui découvrent soudain que l'Union Européenne, ce n'est pas que des subventions à recevoir, mais aussi des devoirs à remplir, des notions juridiques à respecter…)

Et maintenant Donald Trump candidat républicain… Cela faisait des mois que je le voyais "monter" sur FB via mes contacts américains, et chaque fois que j'ai posé la question: «Mais que se passera-t-il si…», j'ai eu droit à: «Mais non, ne t'inquiète pas, c'est comme Marine, elle est au second tour mais elle ne passe pas.»
Ne pas m'inquiéter? Mais enfin, que ces deux-là soient élus ou pas, c'est tout de même bigrement traumatisant qu'ils soient considérés comme des options envisageables par une partie de leurs concitoyens respectifs.
Cela n'affole-t-il vraiment que moi? Qu'avons-nous raté, que pouvons-nous améliorer, cela n'intéresse-t-il personne?
Pourrait-on se bouger avant qu'il n'arrive une catastrophe quelconque? (Trump-Poutine, le casting de cauchemar.)


Notes
1 : car les billets sont ouverts avec deux trois mots-clés chaque jour mais je n'ai pas le temps de les rédiger — indication précise du nombre d'heures où je n'avais rien à faire dans les années passées.
2 : cette phrase étrange et de mauvais goût au cas où l'on viendrait m'opposer le récurrent «ce n'est pas comparable» (même si sur mes blogs, c'est peu probable). Non, ce n'est pas comparable aujourd'hui, quand on sait ce qui s'est passé après 1939, mais c'est tout à fait comparable si l'on se place en 1939.
3 : Ne jamais oublier que la définition juridique nazie du juif était religieuse et non raciale (tant ce concept est insaisissable: une reconnaissance par l'absurde que la race n'est pas un critère définissable de façon certaine) cf Raul Hilberg.
4 : Ehahu ben Ellisar, La diplomatie du Troisième Reich et les Juifs, (1969)
5 : Le Monde, 27 décembre 1969
6 : L'Aurore, J.-L. G…, 8 janvier 1970

La nuit de l'élection

Passé tard dans la nuit au QG du Modem du côté des Invalides, à suivre les élections américaines.

Grande émotion quand l'élection d'Obama a été acquise. Immense espoir. Quelque chose s'est produit qui paraissait impossible. Bord des larmes.






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Je n'avais rien écrit à l'époque. J'ajoute cela alors que Trump vient d'être élu (9 novembre 2016).






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Elections de 2020. Nous attendons les résultats. Je retrouve sur FB le souvenir suivant, que je ne comprenais pas avant de venir lire ici:

«Hier tout le monde était agressif, aujourd'hui tout le monde me sourit: c'est moi ou c'est les gens? Ils préfèrent ces boucles d'oreilles?»
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